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The aim of this thesis is to analyse how the two Greek surrealist poets Embirikos and Engonopoulos
construct a poetry of Eros. We start from a philological framework. At the same time the orientation
of this thesis is clearly comparative: studying the relationship between Greek and French surrealism
and also the relationship between literature and other cultural spheres, especially those in which
Embirikos and Engonopoulos were immersed, psychoanalysis and painting.
In the introduction we present probable reasons why a comparative study of Eros in the work of the
two Greek authors widely known as the “Dioscuri of Greek surrealism” has not yet been
undertaken. Those reasons might be the great weight which other questions have had for critical
theory, such as “Greekness” or the political position of the surrealists, as well as the great difference
between the two authors as regards Eros. Embirikos aspires to jolts of pleasure and his work is
filled with eroticism whereas Engonopoulos plays with contradictions and enigmas by creating
ambiguous images of love and women.
In the first part we begin with an analysis of the possibility of thinking about Eros and how love and
the Other become, in poetry, a linguistic creation. The Surrealists consider love to be the solution to
all of life’s problems and they identify it with poetry itself. Love and writing in itself become an
opening to the Other. It’s through this prism then that we look at the questions of the “surrealist
voice”, at the mythology which is created around the “merveilleux”, and the “convulsive beauty”,
as well as at the image of women.
In the second part, the analysis of Embirikos and Engonopoulos starts from the comparison of
French surrealism with the poetic propositions developed in their work. This is the “poem-event” of
Embirikos, that is to say the possibility of writing the poem within the flow of its own becoming
(and not just a description or preconceived idea), which is directly linked to the concept of
“exteriorisation”, that is the research process of the unconscious undertaken in his poetry. For
Engonopoulos, we start from the idea of a metaphysical poetry, linked to Greek tradition like a
quest for the eternal as well as to the metaphysical painting of De Chirico. Next we look at the
forms in which emotions appear in Embirikos and Engonopoulos' work, paying special attention to
concepts such as “αγαλλίασις” (“exultation”), “ολοκλήρωσις” (“completeness”) and “χαρά” (“joy”),
and next we look at how the presence of death is felt. In the last chapter we return to the comparison
with Breton, studying how the “spermatic poetry” of Embirikos and the ambivalent love of
Engonopoulos, somewhere between the joy and the sadness of “As soon as midnight strikes” and
between the hope and the violence of “Orpheus”, is articulated in comparison with French
surrealism.
In the third part, the analysis is focused on the figure of the Other: on the voice and language in the
first chapter, and of woman in their poetry in the second. Embirikos and Engonopoulos' language,
considered as “mixed” (combining forms of demotic language and forms of “katharevousa” or
“pure language”) produced a huge scandal at the time of the publication of their works. Here we
analyse how this language is felt by the poets, as coming directly from the unconscious in
Embirikos and as an object of love in Engonopoulos. We analyse how this language creates love
and how it becomes identified with the other object of love, the woman. In the study of this figure,
we begin with the analysis of the image of the woman that comes out of the texts in which
Embirikos and Engonopoulos refer to the poetics of each other, after which we study the conditions
in which the epiphany of woman and the encounter with her take place. Subsequently we analyse
her literal construction, studying the common nouns, pronouns and proper nouns that are used to
portray her. In this way we arrive at the image of women both present and absent, absorbed in their
pleasure in Embirikos, desired, vanishing and paradoxical in Engonopoulos.
In Embirikos, Eros and poetry are identified with the research undertaken in psyche. Corporality
and eroticisation of the universe as well as his utopia are linked to the psyche. For Engonopoulos
words reveal the torments of love; the woman, closely linked to the poetic voice, is, at the same
time, the image of the secret that, being inexpressible, is identified with salvation
en_US
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L'objectif de cette thèse est d'analyser comment Embirikos et Engonopoulos, deux poètes grecs qui
se réclament du surréalisme, construisent une poétique de l'amour. Considérant la découverte de
l'amour comme étant liée à la découverte d'une poétique, dans cette étude on analyse la création
d'une langue poétique qui forme les émotions liées à l'amour et l'image merveilleuse de l'autre.
Pour cette étude, nous partons d'une exigence philologique, c'est-à-dire, de la lecture attentive à la
lettre des textes. En même temps, l'orientation de la thèse est nettement comparatiste : y sont étudiés
les rapports du surréalisme grec avec le surréalisme français et aussi le rapport de la littérature avec
d'autres sphères culturelles, spécialement celles dans lesquelles étaient immergés Embirikos et
Engonopoulos, c'est-à-dire, la psychanalyse et la peinture.
Dans l'état de la question sont exposées les raisons probables pour lesquelles une étude comparative
de l'amour chez les deux auteurs grecs généralement reconnus comme « Dioscures du surréalisme
grec » n'a pas encore eu lieu. Quelques-unes de ces raisons ont à avoir au grand poids qu'ont eu
d'autres questions pour la critique –comme l'« hellénité » ou la position politique des surréalistes–
ainsi que la grande différence entre les deux auteurs par rapport à l'amour. Embirikos aspire à
l'explosion du plaisir, de telle manière que l'érotisme est partout, tandis qu' Engonopoulos tisse une
œuvre qui joue avec les contradictions et les énigmes en créant des images ambigües de l'amour et
de la femme.
Après cette introduction, sont analysés, dans une première partie, la possibilité de penser l'amour et
l'amour surréaliste. Nous partons de la vision de l'amour comme manque, qui porte à voir dans
l'objet imaginaire que constitue l'autre le siège de toutes les idéalisations. C'est ainsi que l'amour et
l'autre deviennent, dans la poésie, une création langagière.
Les surréalistes considèrent l'amour comme la solution à tous les problèmes de la vie en même
temps qu'ils l'identifient à la poésie même. L'amour et l'écriture deviennent une ouverture à l'autre.
C'est sous ce prisme, donc, que sont étudiées les questions de la « voix surréaliste », de la
mythologie qui se crée autour du « merveilleux » et de la « beauté convulsive » –c'est-à-dire, de tout
ce qui peut remuer le plus profondément la sensibilité des poètes, dans la vie et dans le langage
poétique–, pour passer ensuite à l'étude de l'image de la femme.
Dans la deuxième partie, l'analyse d'Embirikos et d'Engonopoulos part de la comparaison du
surréalisme français avec les propositions poétiques élaborées dans son œuvre. Ce sont le « poème
évènement » chez Embirikos, c'est-à-dire, la possibilité d'écrire le devenir même du poème, (et non
pas une description ou une idée préconçue), ce qui est étroitement lié à l'« extériorisation », le
processus de recherche dans l'inconscient qui se trouve dans la poétique d'Embirikos. Pour
Engonopoulos, nous partons de l'idée d'une poésie métaphysique, liée à la pensée grecque comme
recherche d'éternité ainsi qu' à la peinture métaphysique de De Chirico, qui prend corps dans la
parole poétique d'Engonopoulos dans les distorsions spatiales et les contradictions avec lesquelles
jouent ses poèmes. Ensuite sont étudiés les formes d'apparition des émotions chez Embirikos et
chez Engonópulos, en portant une attention spéciale à des concepts comme « αγαλλίασις »
(« exultation »), « ολοκλήρωσις » (« complétude ») et « χαρά » (« joie »), pour passer ensuite à
comment est ressentie la présence de la mort, si éludée, si moquée, mais si présente. Au dernier
chapitre, nous retournons à la comparaison avec Breton, pour voir comment s'articulent en
comparaison avec le surréalisme français la « poésie spermatique » d'Embirikos et l'amour
ambivalent d'Engonopoulos, entre la « joie » et la « tristesse » dans « Dès que minuit sonne » et
entre l'espoir et la violence dans « Orphée ».
Dans la troisième partie, l'analyse se centre sur la figure de l'Autre : de la parole et la langue dans un
premier chapitre, de la femme dans un deuxième. La langue d'Embirikos et d'Engonopoulos,
qualifiée comme « mixte » (c'est-à-dire, combinant de formes de la langue démotique et de formes
de la « katharevousa » ou « langue pure ») avait provoqué un grand scandale au moment de
l'apparition de leurs œuvres. Nous analysons ici comment cette langue est ressentie par les poètes
comme une figure de l'autre, comme venue directement de l'inconscient chez Embirikos, comme un
objet d'amour chez Engonopoulos. Nous analysons en même temps comment cette langue est
créatrice de l'amour et comment elle s'identifie à l'autre grand objet d'amour, la femme. Dans l'étude
de cette figure, de la femme, nous partons de la possible contradiction que pourrait supposer le fait
de voir la femme comme autre, comme quelqu'un étranger qui vient « me donner de mes
nouvelles », selon les mots de Breton, et en même temps comme une création. Pour ce faire nous
analysons l'image de la femme qui se dégage des textes où Embirikos et Engonopoulos se réfèrent à
la poétique l'un de l'autre, pour passer à l'étude des conditions dans lesquelles ont lieu l'épiphanie de
la femme et la rencontre avec elle, en premier, et sa construction littérale, ensuite, en analysant les
noms communs, les pronoms et les noms propres qui lui sont attribués. C'est ainsi que nous arrivons
à l'image d'une femme présente et absente, la femme plongé dans son plaisir chez Embirikos,
désirée, fuyante et parfois inquiétante chez Engonopoulos.
Le surréalisme amène les deux auteurs à une ouverture à l'autre, de laquelle naît la création d'une
poétique de l'amour. Chez Embirikos, amour et poésie s'identifient à la recherche dans le
psychisme. Toute la corporalité de son œuvre, l'érotisation de l'univers ainsi que son utopie du futur
sont nouées à la psyché et à la parole, au « dire », à la possibilité d'« extérioriser ». Pour
Engonopoulos les mots sont révélateurs des tourments de l'amour, la femme est révélatrice de la
parole et, en même temps, image du secret qui, en étant indicible, devient salvateur.
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